L'atelier Ted et Eux

Bien manager son identité numérique

Vous est-il arrivé de taper votre nom sur Google et d'être surpris par les résultats ? On aimerait pouvoir contrôler son image sur la Toile, gérer efficacement sa notoriété, sa réputation. Est-ce vraiment possible et si oui, comment ? N'y a-t-il pas un risque de tricher avec sa propre image ? Et cela n'est-il pas chronophage de vouloir être présent sur les réseaux ? Avec Marc Traverson, je réponds sur tous ces sujets aux questions de Marie-Pierre Vérot (France Culture) dans ce nouveau numéro de l'émission de web radio Kairos.
Emission enregistrée au CFPJ (notre photo) avec les moyens techniques du Centre (merci à Jean-François Gombert) et sur un arrangement musical d'Alexandre Azaria. Bonne écoute.

Le lapin, cauchemar de Darwin

Darwin © Benoit Dahan 2008

Les vœux ont ceci d'intéressant qu'ils vous permettent de rester en contact avec des gens que vous aimez bien, mais que les hasards de la vie professionnelle vous amènent à moins fréquenter. Benoît Dahan est de ceux-là. J'adore son trait, ses couleurs, la construction de ses illustrations, ses matières. Mais j'ai moins l'occasion de le faire travailler ces derniers temps. Il vient de se rappeler opportunément à mon bon souvenir. Et je ne résiste pas à l'envie de publier immédiatement son dessin. Espérant ainsi vous faire partager cette passion de la belle image, que Benoît Dahan, en illustrateur chevronné, incarne si bien, pour mon plus grand plaisir.

Facebook niveau 3 : ma pub à moi

Dernière volet de ma trilogie Facebook. Il fallait bien boucler la boucle, le sujet n'étant pas aussi inépuisable qu'il n'y paraît. Comme promis, j'ai mis un peu d'ordre dans la flopée d'applications reçues. Je me suis séparé de certains “Facebook friends” sans regret. J'ai ajouté quelques images, fait remonter mon blog sur mon profil. Lequel profil a été au préalable astiqué comme une casserole en cuivre, pour le débarrasser de tout ce qui l'encombrait, et qui le faisait ressembler à une façade taguée. J'ai aussi fait un peu de rangement dans mon espace "Privacy", pour éviter que la Terre entière soit au courant de mes moindres faits et gestes facebookiens.
Je reviens un instant sur les applications. Avant d'en classer verticalement un bon paquet, j'ai regardé un peu comme ça marchait. Quand j'étais môme, j'adorais démonter les moteurs. Démonter, voir comment ça marche, remonter, se retrouver avec des pièces en trop, redémonter, remonter, tester, se rendre compte que ça ne marche toujours pas, re-re-démonter, etc. Là, j'ai fait pareil. Toutes ces applications sont destinées à récupérer des informations sur votre comportement, de façon à cibler les publicités qui vous seront par la suite proposées au fur et à mesure de vos pérégrinations. Vous allez comprendre.
Aujourd'hui, compte tenu de l'important ménage opéré, je me retrouve avec le service minimum. Quand je tombe sur mon profil, j'ai droit à des pubs pour Monster, pour une grande braderie, on me propose des meubles en teck (!). Imaginons maintenant que je commence à succomber aux sirènes des applications genre "Booze mail" qui vous proposent d'envoyer ou de recevoir un verre de vin ou un Tequila Sunrise : les publicités vont commencer à changer de ton. Car, quand vous chargez une application (qui se charge d'ailleurs sans que vous vous en rendiez compte, on n'est plus dans l'internet de papa), vous remarquerez peut-être les petites cases à cocher qui complètent la page "Add application". Il faut faire vite car, en général, c'est là où on clique vite et sans trop réfléchir, justement pour savoir ce que vous apporte l'application en question. Grave erreur...
La première de ces cases est "Know who I am and access my information". Inutile de vous dire que si vous la décochez, vous aurez droit à un petit message de Facebook un peu pincé du style : « Si vous ne voulez pas qu'on accède à vos informations, ne chargez pas cette application ». Non mais, et puis quoi encore, où il se croit, celui-là...  Les autres cases sont en revanche plus neutres (par exemple, "Publish stories in my News Feed and Mini-Feed"), et vous pouvez vous en débarrasser sans aucune conséquence notable. Insensiblement, votre profil va s'enrichir. Je suis consultant, j'ai l'âge de mes artères, j'ai un état-civil qui parle pour moi, d'accord, mais là, on voit que si je charge l'application "Cars", j'ai un léger penchant, même pour rigoler, pour la bagnole. Et on va donc pouvoir me proposer des publicités à l'avenant.
A ce stade, je pense que vous commencez à me voir venir. Plus je charge des applications, plus j'affine mon profil. Imaginons (je dis vraiment n'importe quoi, c'est pour les besoins de mon raisonnement...), que je charge l'application "Kiss me". Mon profil acquiert alors une dimension sentimentale non négligeable, vous en conviendrez. Shazam ! D'un coup de baguette magique, voilà-t-y pas qu'apparaît une pub pour un magasin de bottes de cow-boy à Austin, Texas... Histoire d'améliorer mon sex-appeal, je présume. Et comme j'ai chargé "Cars", Booze mail", "Kiss me", voire "hug me", pour faire bon poids, les bandeaux de pub deviennent carrément plus évocateurs. Pourquoi pas un week-end au ski en amoureux, grâce à Skibed ? Tant qu'à faire, cette petite invitation à une vente privée (on ne sera jamais que 78 569 personnes à la recevoir) peut forcer la considération de mes interlocutrices.
Vous envoyez "Hug me" à l'une de vos correspondantes ? Coucou, la RAM vous propose un aller-retour au Maroc pour 74€. Pour l'épater ou la rejoindre, je suppose. Vous faites le test "Traveler IQ" avec vos amis étrangers ? Bingo, un bandeau fait la promotion de LX, le logiciel “d'échange de langue”. Le texte est, semble-t-il, généré par ce même logiciel, car il dit, je cite texto « C'est un logiciel que vous aide à trouver les interlocuteurs pour l'échange de langue qu'assembler votre besoins ». A part ça, j'ose espérer qu'il cire les œufs et bat les chaussures en neige.
Mais imaginons que les choses deviennent plus sérieuses, et que vous vous décidiez à envoyer des applications de plus en plus explicites (je vous fais grâce de la liste et vous laisse découvrir vous-mêmes les bienfaits de ces petits programmes. Ma démarche doit rester uniquement scientifique, je le répète pour les mal-comprenants). Evidemment, les pubs vont se mettre au diapason, depuis les plus lights (exemple, “On vous aime”, signé par les chocolats multicolores M&M) jusqu'aux plus affriolantes, qui vous feraient passer les spams encombrant votre boîte pour le dernier Jean d'Ormesson. Certains annonceurs se proposent par exemple d'augmenter le nombre de vos rencontres, d'améliorer vos performances, et pas seulement dans le domaine de la comptabilité analytique. D'autres ne perdent pas le nord. Car, hélas, le temps passe et fauche à l'aveuglette, tout passe, tout casse, tout lasse : un jour, il faudra vous séparer de votre dulcinée ou de votre petit chéri facebookien. Soyez sans crainte : on ne vous laissera pas tomber en chemin.  Vous serez bien content, par exemple, de bénéficier des services des avocats très ciblés ci-contre.

Ami ? Parce que c'était lui, parce que c'était moi...

Aujourd'hui, je fête mon 100e ami sur Facebook. Je le rappelle, un ami (Friend) sur ce réseau est quelqu'un qui accepte d'entrer en relation avec vous et que vous acceptez en retour. A la base, cela n'a donc rien à voir avec une quelconque amitié. Mes filles, ma femme, mes neveux, mes cousins, mes relations professionnelles, des rencontres de hasard sont ainsi autant d'amis de cet ordre. Certains de mes amis sont aussi mes amis, en ce sens. D'autres, qui ne sont pas mes amis, le sont quand même... Je ne sais pas si je suis clair à ce stade... Plutôt que de clarifier quoi que ce soit, et de me lancer dans des phrases dont je n'aurais pas les moyens, je préfère reprendre le très beau texte de Michel de Montaigne, lorsqu'il dissertait sur la notion d'amitié, à propos de son ami véritable et sincère, Etienne de La Boétie. «Quintessence», «Oyions», «Accointances»... Accrochez-vous, c'est du brutal.
 

« Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : «Parce que c'était lui, parce que c'était moi.»

Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous oyions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel; nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous   trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satire latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui plus de quelques années, elle n'avait point à perdre de temps et à se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il   faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien. »  

Les Essais, livre Ier, chapitre XXVIII - Montaigne

NB : Exceptionnellement, je n'accepte que les commentaires en vieux français...

Comment envoyer ses vœux, en images

Trois conseils pour bien réussir vos voeux 2008
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Pour des vœux sincères, cliquez sur le lien

J'attendais avec un certain intérêt les vœux de cette année. Ceux des autres, bien entendu. Les miens sont sur ce blog. Je ne sais pas interpréter la tendance. J'ai l'impression de recevoir moins de cartes papier. Mais il faut attendre la fin janvier pour être sûr. Les entreprises écrivent leurs vœux tout au long de ce mois, et il n'est pas rare d'en recevoir le tout dernier jour, voire début février. En comparaison, les Anglo-Saxons commencent à vous abreuver dès la mi-décembre de « Merry Christmas » par ci et de « Best Wishes » par là. On dirait (je dis ça gentiment, car il y a là-dedans un côté enfantin entièrement assumé chez eux) qu'ils ont envie que tout arrive très vite. On enchaîne les fêtes au pas de charge. Et on passe à autre chose.
Côté vœux français, donc, il est difficile de faire preuve d'originalité. Disons qu'on reçoit maintenant, en grande majorité, un mail avec un lien et basta... Où sont les petites cartes colorées d'antan, avec paysage neigeux et chalet et plein de petits cristaux collés dessus pour figurer le scintillement de la neige ? Mais je m'égare. En cliquant sur le lien, on arrive en général sur une animation. Je ne vais pas m'attarder à les décrire, encore moins les comparer ou les évaluer. Ce qui m'intéresse, c'est cette étrange occasion de se parler qui revient avec la trêve des confiseurs. Et comment ne pas la rater.
Pour beaucoup, c'est la corvée. Et comme toutes les corvées, on la met de côté, et on l'expédie vite fait, au sens propre et au sens figuré...
Alors, voici quelques conseils pour ne pas rater cette belle occasion.
- Il est bien rare que vous n'ayez pas une idée sur l'année qui commence. Alors, plutôt que de faire des circonvolutions sur les chiffres ou les lettres (genre « 2008 bisous », comme je l'ai vu dans une carte de vœux personnelle), pensez d'abord à votre idée, celle que vous avez envie de faire partager. Et présentez là dans votre message. Evidemment, si c'est pour dire que vous avez envie de gagner plus d'argent... autant la garder pour vous. Ça, c'est ce qu'on appelle un résultat. Je vous parle d'un moyen pour y parvenir, d'une étape, d'un ingrédient particulier. Ce qui compte, c'est ce que vous avez envie de dire à chacun de vos contacts. Donc, une idée clé : aller plus loin, inventer de nouvelles routes, améliorer l'écoute, créer, faire jaillir des idées, renouveler la relation, partir ailleurs, chasser le naturel avant qu'il revienne au galop, etc. Soyez simple et concret. Et n'ayez pas peur d'être emphatique, pour une fois. De temps en temps, on a le droit de voir grand et loin... Oubliez le regard des autres ! C'est une histoire entre vous et vos correspondants. 
- Justement, la relation. Je parlais à l'instant de personnaliser. Mettez de la relation dans vos vœux. Sur Internet, vous pouvez désormais faire pas mal de choses. Pourquoi ne pas ajouter votre photo à votre mail, pour une fois? Ou faire un lien vers votre profil Facebook ? Ou renvoyer vers les nombreuses applications qui existent et qui vous permettent de mettre des images en ligne. Les limites de fire-wall mises à part, tout est possible. Et si vous ajoutez une photo de vous avec la personne qui reçoit vos vœux, vous verrez le résultat vous-même, faites-moi confiance. Vous pouvez aussi lancer une invitation, proposer un coup de fil, donner rendez-vous sur un blog, etc. Bien sûr, si vous envoyez vos vœux à la planète entière, c'est plus compliqué. Mais vous pouvez choisir vos heureux récipiendaires...
- Envoyez-les vite ! C'est le dernier point. Plus vous traînez, plus vous perdez le leadership de la relation. Le premier qui écrit a gagné. Tiens, il m'écrit. Ah dis donc, il est bien organisé. C'est pas mal, ce qu'il me dit ! Deuxième point de gagné. Et il parle de nous deux ? Trop fort !  Pour écrire vite, il faut donc s'y mettre maintenant. Vous allez voir que ça va plus vite que vous ne le pensez, car quand vous vous attelez à une tâche, les choses avancent, non ?
On résume :
1 - Passez-y un peu de temps. Le travail se ressent toujours, même sur une carte de vœux électronique. Et ce ne sera pas de l'énergie dépensée en vain. Vous en avez beaucoup, des occasions de parler à vos clients et à vos fournisseurs pour leur dire des choses gentilles et qu'ils le ressentent ?
2 - Faites passer une idée. Désolé, « Bonne année, bonne santé, surtout la santé », ce n'est pas une idée... Ou alors une vieille. Comme le disait un vieux prof à moi « Vos idées justes ne sont pas neuves, et vos idées neuves ne sont pas justes ». Ça m'a marqué. Et depuis, je m'efforce de chercher du nouveau. Et -incroyable-, on en trouve toujours. « La lâcheté nous bride et les sots vont disant que, sous ce vieux soleil, tout est fait à présent », disait Musset dans un de ses poèmes. Méditez là-dessus...
3 - Mettez de la relation là-dedans. C'est justement parce qu'on utilise de la technologie qu'il faut renforcer la relation. Et réciproquement.