L'école numérique, c'est maintenant

Faisons un rêve. L’école est passée au web 2.0. Vous avez reçu la liste des fournitures par mail à la rentrée. C’est déjà le cas ? Attendez la suite. La classe de vos têtes blondes ou brunes, vous la connaissez déjà. Pas par mail. Le planning a été synchronisé avec l’agenda et le carnet d’adresses de votre Iphone. Le nom de l’instit ou du prof a été classé directement au bon endroit, avec sa carte de visite, son numéro de portable, son adresse twitter et ses albums Pinterest. Manque de chance, vous êtes déjà convoqué(e) pour la prochaine réunion de parents d’élèves. Vous avez reçu l’invitation : ne reste plus qu’à cliquer et hop, le tour est joué. Essayez de répondre «Peut-être», pour voir, on ne sait jamais.

En plus, ça vous met à jour vos tâches. Pas de chance : non seulement, vous savez que vous devez aller les chercher le mardi plus tôt que l’an passé. Et tiens, ça vous a téléchargé directement une appli «Glouglou» qui fait ressembler votre écran à une piscine vue d’en haut. Il y a même les bruits de fond : plongeons, rires, cris et rappel à l’ordre du chef de bassin. Manque plus que l’odeur de chlore. Pas besoin de vous faire un dessin. Vous savez ce qui les attend comme activité jeudi matin. Et pas moyen d’oublier : maillot de bain, bonnet et goûter sont déjà dans le sac de piscine, dans l'entrée, commandé sur venteprivée à votre place avec l’argent de la coopérative. Vous avez juste à jeter les cartons.

Côté cartable, tout est devenu numérique. Ça tient dans une clé usb 4 gigas. Que des e-quelque chose. Des e-manuels, des e-cahiers, des e-crayons, des e-règles... Sans oublier des e-bouts de papiers  et des e-chiures de gommes. Et des e-ponges pour nettoyer les écrans. Des stylets en forme de bâton de craie. Et plus moyen d'oublier ses e-bouquins : ils sont sur amazon, avec un raccourci directement sur le bureau. Quant aux programmes, pas de miracle : les cours de maths sur papier et tableau noir ou via MathZombie ou Calculus (applications iPhone), ça reste toujours aussi chiant.

On a quand même les menus de midi : ça en serait presque appétissant, les images reçues par twitpic. Peut-être qu’ils ont demandé à Karl Lagerfled de faire les photos. Parce que là, on a presqu’envie de sécher le restaurant d’entreprise pour aller goûter le prince des océans dans sa sauce provençale. La déception n’en sera que plus sévère, devant les trois sardines à l’huile qui se battent en duel dans l’assiette huileuse. Sinon, génial, plus de flûte à bec pénible pour essayer de leur inculquer le solfège. On a chargé enfin de la musique potable, et on peut écouter les résultats des élucubrations de vos enfants. Mieux que deezer, le 14 heures musical élaboré par vos nains. Evidemment, tout est entièrement pompé sur myspace.

Côté santé, ça bouge aussi. Oubliés, les mots d’excuses par sms. Trop la loose. Place au “quantified-self”. La température de vos monstres est prelevée directement via leurs iPod et envoyée automatiquement sur Twitter, puis dûment contrôlée en ligne par le directeur de l’école qui les a dans ses followers. Les suspects de fièvre, de poux et de varicelle sont exclus une semaine. De Facebook.

L’horreur ? Non, car vous n’avez pas exploré les diverses fonctions qui s’offrent à vous. On peut chatter avec le/la prof d’anglais/dessin/EPS (rayez la mention inutile), pour savoir si la prunelle de vos yeux suit bien ses cours, toussa. On a même la photo de son profil. Mimi, la nouvelle instit ! Canon, le prof d'EPS ! Et comme vous avez accès direct aux agendas des uns et des autres, le 5 à 7, faites-moi confiance, ça va être du gâteau. Allez, soyez web 2.0 : partagez vos photos...