Qui préférez-vous ? Le couple havrais en maillot de bain orange, genre Deschiens, qui danse une sorte de gigue des Balkans en barbotant dans une piscine en plastique bleu pour bébé. Ou bien le motard à lunettes qui déroule un slow langoureux avec sa 750 cc, domptée tel un appaloosa en rut à qui on présenterait la photo de Roselyne Bachelot ?
Peut-être avez-vous craqué pour la mémé maquillée comme Michael Jackson, se trémoussant sur une musique de Michael Jackson, avec des fringues de Michael Jackson, mais sur une chorégraphie de Jean d’Ormesson… Ou pour le dompteur musculeux, tout droit sorti de la piste aux étoiles, qui fait défiler des tigres blancs, griffes et crocs dehors, grondant et crachant comme des gros chats persans à qui on ferait mine de piquer leur place sur le canapé ?
Il y a encore le prestidigitateur qui fait disparaître tout, y compris son talent, la jeune fille de 15 ans qui chante tellement divinement Alléluia que John Cale et Leonard Cohen peuvent aller planter leurs choux à l’ouest de Durango. La brune boulotte et déprimée qui susurre Bagdad Cafe avec un groove dans la voix à arracher des larmes à feu Saddam Hussein. ..
C’était hier soir sur M6, le début de la saison 4 d’Incroyables Talents, déclinaison française de l’émission America’s got talent. Le jury est composé de Smaïn, dans le rôle du gentil, Gilbert Rozon dans le rôle du méchant, et Valérie Stroh, dans le rôle de la blonde assise entre les deux. Le plus incroyable, dans cette émission, c’est la récompense promise aux vainqueurs de cette épreuve : 100 000 euros (ça a baissé, au début, c’était 150 000 €) et une semaine avec Arturo Brachetti. Non, mais vous imaginez, une semaine avec Arturo Brachetti ? Lui, son Incroyable talent, c'est de changer de tenue en quelques secondes. Ça doit être épuisant… Je m'explique.
Imaginons, j’ai gagné, je suis avec Brachetti. Enfin chez lui, pas dans son lit, quand même… Je me lève la tête dans le cul au bout de trois rappels du réveil et de deux bourrades affectueuses de Susan Boyle, qui partage ma couche (quand on gagne un concours, on fréquente les vedettes. Je parle pour elle…). A tâtons, dans le noir, j’agrippe ce que je trouve sur la chaise, car j’ai la flemme d’aller me chercher des vêtements propres. Puis je me traîne vers la douche, sans même passer par la case toilettes. C’est vous dire si je suis mal élevé, voilà qui n’est pas fait pour arranger la réputation déplorable des Français outre-Manche. D’ailleurs, dans le lit, Susan Boyle couine un «Eeerck!!!» désapprobateur à mon intention.
Au même moment, dans sa chambre, Arturo soulève sa drôle de tête de l’oreiller, fait virevolter sa curieuse houppette, avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. Puis il envoie valdinguer la couette, claque dans ses mains et paf ! Le voilà déjà habillé en toréro. En trois entrechats, il bondit vers la salle de bain, me passe devant, s’enroule dans une serviette de bain, claque à nouveau dans ses mains, balance la serviette et apparaît nu comme une patate épluchée.
Claquement de doigts, il se jette sous le jet brûlant. 3 secondes six dixièmes plus tard, il se drape dans le rideau de douche, agrippe le flexible, s’envole comme Tarzan et saute à pieds joints sur le tapis de bain, sapé en Jack Sparrow. Re-clac, il sort son sabre, le fait tourner dans tous les sens. Ça va tellement vite qu‘on dirait qu’il a une bulle autour de la tête. Pof, il crève la bulle et en ressort rasé de près, avec juste la tête et les fringues de Jim Carrey dans Scrooge. Je le regarde, médusé. Je n’ose plus le quitter des yeux, de peur qu’il se transforme séance tenante en madame de Fontenay.
On se retrouve à la cuisine. Il a encore changé de fripes. Le voilà sanglé dans un costume Hugo Boss, ma foi seyant. Il se sert un Nespresso, va chercher du sucre, se cache derrière la porte du placard, fait un salto arrière et atterrit habillé en George Clooney. Il va me fatiguer rapidement, ce gars-là… Il attrape sa tasse, claque dans ses mains pour changer à nouveau de costard. Mais là, c’est une mauvaise idée, car la grande giclée de café est pour moi, alors que j’ai eu un mal de chien à m’habiller correctement. Il me regarde avec son œil couillon et un rictus de dégénéré, ce qui a le don de m’énerver. Je le cramponne pour lui apprendre à respecter mes habits, même d’hier. A ce moment-là, Susan Boyle, qui n'est jamais d'humeur entre 7 heures du matin et 11 heures du soir, arrive par derrière en chemise de nuit et bigoudis, et m’assomme d’un coup de poing phénoménal en baragouinant un truc malpoli en anglais.
Quand je sors des vaps, je vois au dessus de moi un infirmier sarcastique, avec une drôle de houppette et une seringue monstrueuse. Je ferme les yeux, je les frotte, je les ouvre à nouveau : l’infirmier a changé sa tenue blanche et son calot à croix rouge contre une longue robe noire à capuche, et il a troqué sa seringue contre une grand faux dont la lame brille d’un éclat aveuglant au soleil matinal. Tant pis, je suis résigné. Quittons ce bas-monde, oublions Brachetti et ses changements de tenues express. Arrg, même en fermant les yeux, le revoilà qui apparaît en ange ailé posé sur un nuage en coton, avec une auréole en papier d’alu tenue par une baguette en bois. Avec un tel boute-en-train, l’éternité risque d’être longue. Surtout vers la fin.
Peut-être avez-vous craqué pour la mémé maquillée comme Michael Jackson, se trémoussant sur une musique de Michael Jackson, avec des fringues de Michael Jackson, mais sur une chorégraphie de Jean d’Ormesson… Ou pour le dompteur musculeux, tout droit sorti de la piste aux étoiles, qui fait défiler des tigres blancs, griffes et crocs dehors, grondant et crachant comme des gros chats persans à qui on ferait mine de piquer leur place sur le canapé ?
Il y a encore le prestidigitateur qui fait disparaître tout, y compris son talent, la jeune fille de 15 ans qui chante tellement divinement Alléluia que John Cale et Leonard Cohen peuvent aller planter leurs choux à l’ouest de Durango. La brune boulotte et déprimée qui susurre Bagdad Cafe avec un groove dans la voix à arracher des larmes à feu Saddam Hussein. ..
C’était hier soir sur M6, le début de la saison 4 d’Incroyables Talents, déclinaison française de l’émission America’s got talent. Le jury est composé de Smaïn, dans le rôle du gentil, Gilbert Rozon dans le rôle du méchant, et Valérie Stroh, dans le rôle de la blonde assise entre les deux. Le plus incroyable, dans cette émission, c’est la récompense promise aux vainqueurs de cette épreuve : 100 000 euros (ça a baissé, au début, c’était 150 000 €) et une semaine avec Arturo Brachetti. Non, mais vous imaginez, une semaine avec Arturo Brachetti ? Lui, son Incroyable talent, c'est de changer de tenue en quelques secondes. Ça doit être épuisant… Je m'explique.
Imaginons, j’ai gagné, je suis avec Brachetti. Enfin chez lui, pas dans son lit, quand même… Je me lève la tête dans le cul au bout de trois rappels du réveil et de deux bourrades affectueuses de Susan Boyle, qui partage ma couche (quand on gagne un concours, on fréquente les vedettes. Je parle pour elle…). A tâtons, dans le noir, j’agrippe ce que je trouve sur la chaise, car j’ai la flemme d’aller me chercher des vêtements propres. Puis je me traîne vers la douche, sans même passer par la case toilettes. C’est vous dire si je suis mal élevé, voilà qui n’est pas fait pour arranger la réputation déplorable des Français outre-Manche. D’ailleurs, dans le lit, Susan Boyle couine un «Eeerck!!!» désapprobateur à mon intention.
Au même moment, dans sa chambre, Arturo soulève sa drôle de tête de l’oreiller, fait virevolter sa curieuse houppette, avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. Puis il envoie valdinguer la couette, claque dans ses mains et paf ! Le voilà déjà habillé en toréro. En trois entrechats, il bondit vers la salle de bain, me passe devant, s’enroule dans une serviette de bain, claque à nouveau dans ses mains, balance la serviette et apparaît nu comme une patate épluchée.
Claquement de doigts, il se jette sous le jet brûlant. 3 secondes six dixièmes plus tard, il se drape dans le rideau de douche, agrippe le flexible, s’envole comme Tarzan et saute à pieds joints sur le tapis de bain, sapé en Jack Sparrow. Re-clac, il sort son sabre, le fait tourner dans tous les sens. Ça va tellement vite qu‘on dirait qu’il a une bulle autour de la tête. Pof, il crève la bulle et en ressort rasé de près, avec juste la tête et les fringues de Jim Carrey dans Scrooge. Je le regarde, médusé. Je n’ose plus le quitter des yeux, de peur qu’il se transforme séance tenante en madame de Fontenay.
On se retrouve à la cuisine. Il a encore changé de fripes. Le voilà sanglé dans un costume Hugo Boss, ma foi seyant. Il se sert un Nespresso, va chercher du sucre, se cache derrière la porte du placard, fait un salto arrière et atterrit habillé en George Clooney. Il va me fatiguer rapidement, ce gars-là… Il attrape sa tasse, claque dans ses mains pour changer à nouveau de costard. Mais là, c’est une mauvaise idée, car la grande giclée de café est pour moi, alors que j’ai eu un mal de chien à m’habiller correctement. Il me regarde avec son œil couillon et un rictus de dégénéré, ce qui a le don de m’énerver. Je le cramponne pour lui apprendre à respecter mes habits, même d’hier. A ce moment-là, Susan Boyle, qui n'est jamais d'humeur entre 7 heures du matin et 11 heures du soir, arrive par derrière en chemise de nuit et bigoudis, et m’assomme d’un coup de poing phénoménal en baragouinant un truc malpoli en anglais.
Quand je sors des vaps, je vois au dessus de moi un infirmier sarcastique, avec une drôle de houppette et une seringue monstrueuse. Je ferme les yeux, je les frotte, je les ouvre à nouveau : l’infirmier a changé sa tenue blanche et son calot à croix rouge contre une longue robe noire à capuche, et il a troqué sa seringue contre une grand faux dont la lame brille d’un éclat aveuglant au soleil matinal. Tant pis, je suis résigné. Quittons ce bas-monde, oublions Brachetti et ses changements de tenues express. Arrg, même en fermant les yeux, le revoilà qui apparaît en ange ailé posé sur un nuage en coton, avec une auréole en papier d’alu tenue par une baguette en bois. Avec un tel boute-en-train, l’éternité risque d’être longue. Surtout vers la fin.