Et puis il y a eu le pompon. Le "2 en 1". Je visitais un appartement à acheter, et je suis tombé sur ce toilettes-douches absolument répugnant. Je l'ai posté sur Twitter et la photo a fait un tabac. Au moins, on gagne du temps, le matin : on fait deux choses en même temps, ses ablutions et ses mictions... Et le soir, tant qu'on y est, on peut même y laver sa salade, après avoir rangé le linge qui a séché dans la pièce.
Certains de ceux qui ont regardé cette image m'ont dit qu'ils avaient vu la même chose au Kenya, au Cambodge, au Maroc, en Chine, aux cinq cents diables. Non, c'est en France, les amis. Ce n'est plus la campagne à Paris, avec toilettes en bois au fond du jardin. C'est le tiers-monde à Paname, avec douchiottes intégrés. Au moins, le vendeur a vécu dans cet appartement et utilisé pendant des années ces commodités exotiques. Mais je suis sûr que certains n'hésiteraient pas à louer ça en l'état.
Cet autre appartement que j'ai visité dans le 15e n'avait plus forme humaine. Il était laminé de partout, défoncé jusqu'au plafond... Mais il était annoncé sans vergogne "A rafraichir..." par un agent immobilier blasé et qui ne réalisait même plus l'énormité de ses propos. De toutes façons, il fallait se dépêcher car il allait partir vite. Même à ce prix là. Même dans cet état. Même à rafraîchir. C'était Beyrouth ou Kaboul. Désormais, il ne faut plus plus parler de villes à reconstruire, mais de cités "à rafraîchir".
Depuis que je cherche à acheter, je suis tombé sur des dizaines de merdes innommables. Une fois, outre l'état indescriptible du logement, qui semblait avoir été la résidence d'un troupeau de hyènes toxicos, tant il était détruit et sentait mauvais, j'ai vu de mes yeux la faïence du bac à douche traversée par une énorme colonne en fonte ! Les travaux étaient prévus, le propriétaire n'était pas là, donc les ouvriers ont défoncé la faïence au marteau-piqueur en un vague rond de 30 centimètres de côté. Puis ils ont collé leur colonne d'évacuation des eaux-vannes. Le proprio revenu ne s'est pas démonté : comme il voulait vendre, il a tout laissé en l'état. Sur le parquet, à trois mètres de là, un trou humide dans le bois rendu friable par l'humidité : une machine à laver avait fui pendant des jours, inondant le plafond du voisin du dessous.
Des travaux de remise en état ? Pour quoi faire ? Il y a bien un con qui va acheter, tant l'immobilier est à la hausse à Paris. Au fond, ça ne me dérangerait pas, si les appartements à la vente étaient viables, au moins, si on pouvait y entrer pour ne serait-ce que poser une chaise, prendre une douche, se faire cuire un œuf, brancher une lampe, aller aux toilettes. Mais là, même pas. On est dans la cupidité la plus abjecte. Et encore, je parle d'appartement à vendre. Pour des locations, c'est encore pire. Qui dressera l'inventaire de ces chambres sans fenêtre, sans toilettes, louées à prix d'or par des particuliers maquignons sans scrupule ?
Moi j'aurais honte de vendre ou de louer des saletés pareilles. Je m'attacherais au moins à remettre le compteur EDF aux normes, prévoir les évacuations, refaire un minimum de plomberie, d'électricité... Au Royaume-Uni, le sport national, c'est de racheter des merdes, de les retaper et de les louer ou de les vendre. Au moins, le parc immobilier progresse en qualité. Là, on est aux confins glacés du système social français. Les rayons du soleil de l'humanité et de la morale n'y parviennent plus.