C'est suffisamment rare pour être noté : c'est la quatrième fois qu'il neige abondamment sur Paris cette année. Les spécialistes se perdent en conjectures. Certaines commencent à être inquiets. Comme Brice Hortefeux, sommité mondiale de la météorologie délinquante et hyperspécialiste en inclinologie des voies et chemins : «Une chute de neige, ça va. C'est quand il y en a plusieurs que ça pose des problèmes.»
En attendant, la boule à neige avec la tour Montparnasse dedans a encore été retournée. Que le coupable se dénonce, c'est plus drôle, maintenant.
Boulevard Edgar Quinet, un des plus moches de la capitale, des passants tentent de vérifier les thèses de Brice Hortefeux. Il est 7 heures, Paris s'éveille et la neige devient son croissant quotidien.
La session de rentrée de l'atelier d'écriture arrive à son terme. 6 textes seulement. Une petite participation, évidemment. Je fais un peu mon mea culpa : le sujet était inspirant mais difficile. Beaucoup m'ont promis des textes qui ne sont pas venus, ils étaient enthousiastes, mais la réalisation s'est avérée bien plus difficile. L'humour et la mise en situation ne sont pas simples, en effet. On m'a promis de m'envoyer d'autres contributions. Aussi, je vous propose de laisser ce sujet ouvert et de prendre vos autres contributions au fil de l'eau quand elles viendront. Et je vous donne le sujet de la nouvelle session (voir plus bas dans cette note).
Je vous propose par ailleurs un autre sujet pour la prochaine session, plus simple : imaginer la suite de cette histoire. Vous lisez la note dans le lien ci-contre, et vous racontez l'origine de cette fresque. Je me suis promené l'autre fois à Dives-sur-Mer et j'ai vu une fresque sur une maison, fresque qui me parait étrange (et pas très belle, disons-le). Je n'ai aucune idée de sa provenance et de sa signification. C'est un mystère pour moi. Donc il faut que vous inventiez l'histoire expliquant la présence de cette peinture murale. Laissez libre cours à votre imagination. Vous avez jusqu'à la fin de l'année.
Je suis en plein Zeugma. J'ai envie de dire deux choses en même temps. Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours (Apollinaire)
Sensation étrange. Je viens de finir l'écriture d'un livre et j'ai l'impression d'avoir fui par tous les pores de ma peau. Je me sens comme un sac en papier débarrassé de son contenu, livré à tous les vents. 250 pages en trois mois, on me dit chapeau. Mais si elles s'envolaient au premier coup de vent ? Si mon bouquin finissait sa vie sur mon disque dur ? Je veux espérer. Je sais surtout que rien n'est gagné. Et surtout, je me sens vide.
Javel André-Citroën, sous un soleil froid de novembre. J'enquille le Pont Mirabeau pour un coup de chapeau à l'Apollinaire et pour rejoindre mon rendez-vous, quai Louis Blériot. C'est bon, je suis à fond dans le zeugma. Les tâches d'humidité ont gelé sur l'asphalte. Ça scintille comme dans les cartes de vœux enneigés de mon enfance. Il me faut des images pour crocheter mes émotions intimes, s'il en reste un fond dans le bas de mon enveloppe creuse. Un pont... C'est déjà un outil qui attrape une rive et l'attache à une autre. Mais je suis tellement léger que je vais finir par dessus bord, dans le néant et dans la baille glacée qui bouillonne tout en bas.
Sous le Pont Mirabeau, il y a du courant et quatre statues. Deux par deux, elles naviguent assises à l'avant et à l'arrière d'un bateau dont l'étrave fend le courant. Sous le pont Mirabeau, coule la Seine et le flot assourdissant des voitures des voies sur berges.
Au bout du pont Mirabeau, on ne trouve pas son bonheur, mais une plaque avec le poème d'Apollinaire. Un peu emphatique, surtout quand on entend l'auteur le déclamer. Sur le pont Mirabeau, il y a un sacré vent et les armes de Paris qui marquent l'emplacement des statues. Sur le pont Mirabeau, il n'y a pas la place pour les sentiments et les cadenas. Alors les amoureux en restent aux phrases peintes ou gravées sur les balustrades. Les dessous du Pont Mirabeau manquent d'Aubade et de sensualité... Les escaliers du Pont Mirabeau ne sont ni romantiques, ni désherbés.
Dans un coin du pont Mirabeau, un émule de Miss Tic distille son venin et ses aigreurs domestiques.
Drôle de nom... Dans la version française du dernier film de Disney, on a affublé l'héroïne de la traduction littérale en français de Rapunzel. Dans le conte originel des frères Grimm, Raiponce est en effet le nom d'une plante comestible (rapunzel en allemand) qu'un homme va ramasser dans le jardin d'une sorcière. Sa femme, qui attend un enfant, a des envies de femmes enceintes (c'est logique) et veut se taper des saladiers entiers de ce genre de campanule. Mais la sorcière surprend le manège et propose un marché au futur père : autant de raiponce qu'il veut, en échange de son prochain nouveau-né.
Pour des raisons obscures, l'homme est contraint d'accepter et la sorcière récupère le nourrisson comme convenu. Et lui donne le nom de Rapunzel/Raiponce, comme vous l'aviez deviné, grands garçons et grandes filles que vous êtes. L'enfant grandit et possède de longs cheveux dorés qu'elle noue en deux tresses longues et soyeuses. Quand la jeune fille a douze ans, la sorcière l'enferme dans un tour. La sorcière descend de la tour par ce truchement et commande la remontée en appelant «Raiponce, Raiponce, descends-moi tes longs cheveux...»
Un jour, un prince passe par là, observe le manège, attend le moment propice et grimpe dans la tour. La jeune fille est effrayée, mais le prince lui assure qu'il est amoureux d'elle. «Bon ben comme ça, ça va...», répond Raiponce. Elle lui demande d'apporter de la soie pour pouvoir elle aussi descendre de la tour (avec des cheveux aussi longs, on se demande pourquoi elle ne l'a pas tenté avant, mais elle est un peu gourdasse...). Le prince file quérir le précieux tissu. La sorcière revient sur ces entrefaites, et la jeune fille lui balance tout (qu'est-ce que je vous disais...). La mégère coupe les cheveux de Raiponce et l'abandonne dans le désert.
Du coup, quand le prince rapplique, il se fait recevoir par la sorcière qui a mis les cheveux de Raiponce à la fenêtre. J'imagine sa tronche quand il tombe sur Carabosse au lieu du canon aux cheveux d'or.... La vieille le pousse, il tombe dans les ronces, vlan, et en devient aveugle. Mince, ça se corse. Alors il se met à errer pendant des années et arrive un jour dans le désert où il tombe sur qui ? Bah oui, Raiponce. Vous la connaissiez, l'histoire ? Alors Raiponce se met à pleurer et les larmes font recouvrer la vue au bellâtre. Gna gna gna, heureux, gna gna gna beaucoup d'enfants.
En anglais, le film de Disney s'appelle "Tangled" (emmêlé, rapport à ses longs cheveux) et l'histoire n'a pas grand chose à voir. D'abord, Raiponce se balade avec ses longs cheveux traînant derrière elle. Comme balai brosse, pardon... J'aimerais voir les cheveux à la fin de la journée. Et puis, elle a 18 ans, et non 12. Hollywood ne veut pas avoir d'histoire avec la censure et risquer une autre affaire Polanski. Raiponce a du répondant, en l'occurrence une honorable poitrine : à un moment, elle tombe dans l'eau et je m'attendais à quelques images genre miss T-shirt mouillé, mais j'en ai été pour mes frais... En revanche, elle est encore plus cruchonne que dans les frères Grimm, car à 18 ans, elle n'a toujours pas essayé de s'évader de sa tour infernale. Et puis là, le prince est un brigand et Raiponce une fille de rois enlevée par la sorcière à la naissance.
Au début, elle le reçoit à poële. Je me comprends. Mais bon, ils finissent par s'entendre et ils vont au palais essayer d'expliquer ce mic-mac au roi et à la reine, qui pleurent toujours la fille disparue et envoient tous les ans des lumières dans le ciel étoilé. Le château ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de Disneyland. La couronne et l'écusson du royaume vont faire les beaux jours des boutiques du parc. D'ailleurs, quand nos deux héros débarquent, ils passent d'abord à Disney Village, histoire de bien vous montrer comment vous devrez procéder quand vous irez vous aussi au royaume magique. Le prince finit par ramasser un mauvais coup et comme elle n'a plus ses pouvoirs, à cause de ses cheveux courts, elle le soigne avec ses larmes, comme dans le conte. J'en déduis que l'ensemble de ses sécrétions sont magiques et je pense que le prince manque singulièrement d'imagination sur ce coup-là...
Maintenant, une petite précision utile : n'écoutez pas les mecs comme moi qui ne peuvent pas s'empêcher de critiquer les films de Disney, juste pour se rendre intéressants. La 3D est très réussie, le scénario est bien, à part un lapin qui apparaît et dont on se demande à quoi il sert, et le caméléon ne sert pas à grand chose. Et puis ils auraient pu créditer les frères Grimm, quand même. Les personnages fonctionnent très bien, Maximus, le cheval du capitaine des gardes, est juste éclatant. Un bon moment à passer en famille, donc. Et plein de merdouilles à acheter par la suite, si vous avez la chance d'avoir les enfants dans la cible.
Illustrations : Johnny Gruelle - Wikipedia, Disney, tgd.ch
Comment s'y retrouver dans cette avalanche de terroirs, dans cette symphonie jamais achevée d'arômes, de couleurs, de textures ? Laissez d'abord parler votre cœur : à chacun ses goûts. Pour le reste, vous pouvez vous frayer un chemin en identifiant les arômes du vin que vous êtes en train de boire. Le plus étonnant, c'est que c'est d'une simplicité bliblique (ce qui est normal pour un breuvage divin). On a tous un nez (du moins, je vous le souhaite...), il suffit de l'exercer. Je vais illustrer ça grâce à une expo de l'Ecole des vins de Bourgogne, qui a installé des cornues remplies de parfums et de senteurs caractéristiques dans le rayon Vins du Monoprix près de chez moi. C'était un plaisir de respirer ces cornues embaumés...
Il y a d'abord les arômes primaires, que la vigne a accumulé AVANT que le vin soit vendangé. Ils ont été glanés dans son environnement : la terre où elle pousse, les végétaux des champs alentours, les fleurs ou les senteurs qui parfument l'air ambiant...
Arômes primaires
Vins blancs
Vins rouges
Floraux
Acacia, aubépine, rose
Violette
Végétaux
Foin, herbe, anis, thé
Poivron vert, bourgeon de cassis
Fruités
Pommes, pêches, agrumes, fruits exotiques
Fruits rouges et noirs
Minéraux
Pierre à fusil, silex, pétrole
Epicés
Poivre, thym, garrigue
Ensuite, il y a les arômes fermentaires, que le vin récupère au cours de la phase de fermentation, donc, et qui sont très caractéristiques.
Arômes primaires
Vins blancs
Vins rouges
Fermentaires
Levure, brioche
Levure, brioche
Lactés
Lait, beurre frais
Lait, beurre frais
Amyliques
Banane, bonbon anglais
Banane, bonbon anglais
Enfin, il y a les arômes d'évolution, que le vin assimile dans la dernière partie de la vinification : bois des tonneaux, âge du tonneau lui-même (les arômes empyreumatiques sont dus au brûlage des douelles des tonneaux neufs), endroit où ils sont stockés, etc.
Arômes d’évolution
Vins blancs
Vins rouges
Floraux
Fleurs séchées, bruyère
Fruités
Fruits secs
Fruits cuits, compotées
Boisés/balsamiques
Chêne, pin, vanille, cèdre
Chêne, pin, vanille, cèdre, bois neuf, eucalyptus
Miel-confiserie
Miel, pâte d’amande, praline
Empyreumatiques
Cacao, pain grillé
Animaux
Jus de viande, cuir, gibier, venaison, fourrure...
Végétaux
Sous-bois, champignon
Epicés
Cannelle, poivre, clou de girofle
Chimiques
Solvant, vernis
A vous de jouer, maintenant. Ouvrez une bouteille et essayez de retrouver l'un ou l'autre de ces arômes. Faites-le en trois temps, si c'est vous qui goûtez à l'ouverture de la bouteille. Sinon, passez directement à l'étape 2.
1 - Humez le vin une première fois, juste pour repérer le goût de bouchon. 2 - Regardez-le à travers la lumière : un vin qui n'a pas une belle couleur ne sera jamais un bon vin. La belle robe vous encourage à aller plus loin. 3 - Respirez le vin une seconde fois. C'est à ce moment-là que vous pourrez repérer l'un ou l'autre des arômes décrits plus haut. Vous pourrez alors épater la galerie. Merci qui ?
La semaine a été un monument de sexe glauque. On a d'abord appris que la fellation -comme le cunnilingus, je m'empresse de le préciser- augmente les risques de contracter certains types de cancers. L'étude menée aux Etats-Unis et en Europe du Nord (tiens, c'est bizarre, que des pays protestants..) a porté sur 86 hommes et 14 femmes. Suivez-moi bien : les participants à cette étude qui ont eu des relations bucco-génitales avec plus de 6 partenaires durant leur vie, ont 8,6 fois plus de risques d’avoir un cancer lié à une infection avec des papillomavirus. J'espère que vous ne lisez pas cette note en prenant votre petit déjeuner... Sinon, bon appétit...
A peine le temps de se remettre, et on en a appris une belle autre : Mick Jagger a une petite bite. Dixit Marianne Faithfull, sa compagne de 1965 à 1970. Elle a attendu pas mal de temps pour manger le morceau, si j'ose dire. Son passé de consommatrice de drogue dure (on l'a récupérée plusieurs fois à la petite cuillère) laisse quelques doutes sur la qualité de son témoignage. Et puis, ce n'est pas l'intéressé qui le reconnait, on s'en doute. C'est Keith Richards qui évoque ce détail anatomique croustillant dans son autobiographie, Life, à paraître fin octobre 2010. C'est l'histoire de l'homme qui a vu la femme qui a vu la bite de son copain, quoi. Une info de seconde main, en quelque sorte.
Remarquez, je ne sais pas pourquoi on s'en fait les gorges profondes, pardon, chaudes. Car ces soi-disantes révélations ne datent pas d'aujourd'hui. Déjà en août 2005, Keith Richards avait insinué des cochoncetés identiques : «Huge balls. Small cock. Ask Marianne Faithfull!». Avant de se rétracter piteusement devant la réaction outragée de Mick. Vu le nombre de nanas qui ont fait des pieds et des mains pour finir dans le lit de Jagger, j'imagine les déceptions, au moment de passer à l'acte (sexuel)... Une amie, avec qui je partageais cette passionnante révélation, a eu ce cri du cœur : «Oui, mais il a une longue langue...». C'est dingue comme les femmes le défendent...
Justement, la citation complète de Keith Richards est intéressante à lire. Je vous la livre dans son intégralité : «Marianne Faithfull had no fun with his tiny todger. I know he's got an enormous pair of balls - but it doesn't quite fill the gap». Ce qui veut dire, grosso modo : «Marianne n'a pas grimpé aux rideaux, avec Mick et son petit zizi. Je sais qu'il a une énorme paire de couilles. Mais on ne peut pas dire que ça compense...». Résumé pour ceux qui prennent l'antenne seulement maintenant. De source bien informée, Jagger a donc : 1 - une petite bite 2 - des grosses coucougnettes 3 - une langue à se peigner la frange sans les mains. Un moins, deux plus, le compte est bon. Jagger demeure une pop star tout à fait acceptable. Il parait qu'il a lu le livre, et que le seul passage qu'il a voulu enlever est celui où Keith Richards balance que le chanteur avait recours à un coach vocal. Il dit aussi que Jagger est devenu insupportable dans les années 80. Donc ça fait longtemps qu'il est saoulant, selon lui. Mais il répète à qui veut l'entendre que son ami lui manque. Comme quoi la vérité n'empêche pas les sentiments. Il ricane encore sur Mick Jagger, qui s'est fait annoblir par la Reine, en 2007. «Quand on pense que ces gens-là ont passé leur temps à essayer de nous envoyer en prison...»
En revanche, Keith Richards a démenti une bonne fois pour toute une rumeur méchamment distillée par la police anglaise, en 1967, selon laquelle Mick Jagger était en train de déguster une barre Mars que Marianne Faithfull s'était soi-disant enfilée dans le minou, quand la police a débarqué dans la maison de campagne de Keith (comme un fait exprès, ça se passait dans le Sussex !). Pas du tout, s'insurge Keith : «J'avais laissé un petit truc à grignoter sur la table basse, au cas où j'aurais faim !» On se demande quel esprit pervers a pu inventer une chose pareille. Il faut dire que Marianne Faithfull s'était payée la tronche des flics locaux qui les avaient embarqués. En sortant de la salle de bain, elle avait leur fait «Coucou !» en ouvrant grand son peignoir.
Moralité pour les hommes. Question longueur de verge, les rock stars sont des gens comme vous et moi. Surtout vous.
Moralité pour les femmes. Evitez de vous pâmer devant un homme qui n'a rien dans le slip. Ça finit toujours par se savoir.
Moralité pour tout le monde. Si vous voulez vivre vieux et éviter les ennuis, bannissez les pratiques osso-bucco-génitales avec ou sans barre chocolatée. Quelqu'un re-veux un fond de café pour finir son croissant ?
Sources : Times, Daily Mail... Illustrations : Wikipedia
Il faisait trop beau à Paris, ce 8 octobre 2010. J'ai fait un détour en deux rendez-vous. Je suis repassé dans ce jardin que j'adore. Un chantier gigantesque en réduit considérablement la superficie utile. Mais il reste encore suffisamment d'endroits pour se changer les idées, à deux pas de l'Avenue de l'Opéra. Bassin central. Comme le dit Delphine, «ces "fadas" de Parisiens, ils pêchent le dos au poisson...»
Les ouvriers du chantier se sont privatisés une partie du jardin pour la gamelle du midi et une petite sieste.
Une chaise, un cigare, le Figaro... Quoi d'autre ?
Les galeries sont en rénovation. On se croirait dans une salle de musée monumentale. Ils auraient dû exposer des tableaux géants.
Vitrine de l'ancien garage Renault en reconversion. J'ai visité le local à côté. J'adorerais ouvrir une boutique dans le coin. Pour vendre quoi ? Du pinard ? Des sandwichs ? Des curiosités ? Le voisin est le Ministère de la Culture. Ça devrait me donner des idées...