On montre toujours le prince charmant vêtu de velours, arrivant sur un cheval blanc avec une rose à la main. Celui que j'ai rencontré, ce jour-là, conduisait une jeep pourrie, était vêtu de jeans élimé et avait une planche de wc sous le bras. Mais allez comprendre pourquoi !
Lorsque j'ai ouvert la porte ce jour-là, j'ai perdu ma langue. Mes yeux sont presque sortis de leurs orbites. Et mon cœur s'est emballé. Une vraie voiture de course sur le circuit de Francorchamps. Si je n'avais pas tenu la porte, je me serais effondrée. Mes jambes étaient devenues du nougat mou. A croire que la foudre n'était pas tombée bien loin... Mais bon, il avait beau être vraiment charmant...
Ce n'était pas après mes beaux yeux qu'il en avait. Mais après ceux de ma cuvette... Soupir ! Qu'est ce que j'aurais aimé être un pot de faïence rempli d'eau ce jour-là ?... Au lieu de cela, je faisais tapisserie dans le couloir... Attendant patiemment qu'il termine sa cour à mon WC. Mes esprits étant un peu revenus et ma langue retrouvée, j'ai bien essayé d'engager la conversation... Mais là, encore peine perdue...
Les quelques mots que j'ai réussis à sortir ont été engloutis par les bruits de l'eau envahissant la cuvette. Il venait de tirer la chasse. Pfffffff ! Bonjour, le romantisme ! Rien à voir avec le chant des petits oiseaux dans l'arbre. La jolie mélodie terminée, il s'est relevé. L'affaire semblait conclue. Il me tendit un papier... Un dernier espoir... Son numéro de téléphone ? Comment cela naïve ? Que nenni ! Cela se voyait dans les films.. Les types qui jouaient les indifférents et qui, finalement, au moment de quitter, donnaient leur numéro. Bon, ok ! Dans ces situations-là, c'est une jolie carte de vite. Moi, c'était... une facture ! Et il y avait un numéro, celui de... la société. Soupir ! Mais allez comprendre pourquoi ! Lorsque j'ai fermé la porte ce jour-là. J'ai vraiment regretté de ne pas être née WC...
Christelle Kesteloot